Dans la gestion du type de belligérance actuellement à la mode, et face à un ennemi déstructuré dans sa personnalité, souvent imprévisible dans ses manifestations et fluctuant dans ses méthodes, les Etats se trouvent confrontés à de nombreuses problématiques, au rang desquelles figure l’adéquation des moyens de lutte avec les modes opératoires adverses, compte tenu de la persistance d’un réel degré d’incertitude quant à l’atteinte des effets escomptés, ce en dépit de la prise en compte des facteurs de réussite dans le processus de définition de la réponse à la menace.
Il va sans dire que la résolution de ce système d’équations atteste d’un irréfutable niveau de puissance, cette dernière n’étant pas qu’une question de quantités d’énergies ou de potentiels, encore moins de hiérarchie, mais aussi la capacité de mobiliser au moment voulu, les ressources nécessaires à la réalisation des desseins que l’on se sera fixés.
Vu sous cet angle de l’adéquation, le Cameroun peut fièrement endosser le statut de puissance, le pays comptant parmi les très rares ayant réussi à éviter une éventuelle disruption doctrinale ou fonctionnelle de leur architecture sécuritaire, que l’on croyait exclusivement formatée selon les codes de la conflictualité régulière.
Il a fallu pour ce faire, trouver à chaque fois le point d’équilibre entre les aspects structurels et environnementaux d’une situation donnée, et la réponse la mieux adaptée à lui apporter. Un véritable exercice d’alchimie d’autant complexe que la riposte au péril djihadiste, ne peut être transposée en l’état aux velléités séparatistes, et surtout pas à la piraterie maritime, au vol de bétail, aux prises d’otages, ou au braconnage.
Partant du précepte selon lequel point besoin d’un marteau pour écraser une mouche, l’application des feux, les actions civilo-militaires ont de toujours été méthodiquement calibrées, de sorte à avoir l’impact souhaité soit sur l’objectif à traiter, soit encore dans la satisfaction des besoins des populations, tout en minimisant la survenance de possibles préjudices accidentels sur les personnes ou l’environnement.
Ainsi, en plus des règles d’engagement d’autorité universelle, des principes d’action beaucoup plus contraignants encore guident les forces camerounaises en opération, notamment, la priorité donnée à la précision du renseignement pour éviter la suspicion généralisée et les dangereux amalgames susceptibles d’en découler, l’usage concis des tirs en lieu et place des fusillades nourries très souvent aveugles, le désarmement de l’ennemi plutôt que son anéantissement, la protection et l’accompagnement psycho-social des ex-combattants, en lieu et place de leur exclusion de la société.
Les résultats de cette proportionnalité réussie sont entre autres, le taux peu élevé des victimes humaines, le retour rapide à la normalité sociale dans les zones précédemment en crise aigüe, aucun groupe de l’internationale terroriste n’étant par ailleurs en mesure à ce jour, de revendiquer un quelconque contrôle sur la moindre portion du territoire camerounais.
Pour avoir fait de l’adéquation quantitative, qualitative et temporelle, l’élément fondamental de l’action de ses Forces de Défense et de Sécurité, le mérite du Cameroun réside alors dans sa maîtrise du déchainement de la force légitime, et de la violence tout court. Un cas d’école qui pour être pertinent d’efficacité, n’en est pas moins perfectible, eu égard à la rapide évolution des modes opératoires d’un champ de la belligérance constamment mouvant.
Ce prisme de lecture réaliste, parce que lucide, prospectif et surtout introspectif, permet non pas de justifier, mais d’envisager la possibilité d’un éventuel effet de surprise, étant entendu qu’aucun système de sécurité ne saurait se prévaloir d’une quelconque totale herméticité. Le palliatif à cette lacune immanente réside alors dans une remise à niveau permanente des aptitudes et attitudes au combat. A tous les échelons de la hiérarchie, cet effort est fourni, et présente à date, un bilan résolument positif. Quand bien même en comptant ses bons points, il arrive fatalement que l’on se prenne quelques méchants coups. /-