La discipline est la force principale des ArmĂ©es. Bien plus quâun simple slogan, cette assertion tĂ©moigne du caractĂšre Ă©minemment vital de la discipline dans le fonctionnement de lâinstitution militaire. La discipline sâappuie sur les piliers que sont lâautoritĂ© dâabord, entendue comme Ă©tant une responsabilitĂ©, et non pas seulement le droit de commander. LâautoritĂ© qui veut que partout, en tout temps et en toutes circonstances, le chef conçoive, Ă©coute, examine, mette en balance les Ă©lĂ©ments idĂ©ologiques, sociologiques, matĂ©riels et lĂ©gaux, avant de dĂ©cider.
La discipline ensuite, câest aussi lâobĂ©issance, celle-ci se dĂ©finissant comme Ă©tant le concours actif apportĂ© au supĂ©rieur par son subordonnĂ©. Ici transparaĂźt la notion de conscience et encore de responsabilitĂ©. La discipline consiste enfin Ă transmettre aux autres, les fondements et incrĂ©ments du mĂ©tier militaire, la cinĂ©tique organique de lâarmĂ©e faisant du subordonnĂ© dâaujourdâhui, le supĂ©rieur de demain.
Aussi, et afin que son concours soit vĂ©ritablement actif, le subordonnĂ© a besoin de disposer dâun Ă©quipement technique et cognitif composĂ© de savoir-faire et de savoirs, lui permettant de comprendre les situations et leurs implications, afin dây apporter les solutions adĂ©quates correspondant Ă son niveau de responsabilitĂ©. Le subordonnĂ© devrait de mĂȘme avoir une perspective assez vaste de son environnement, perspective qui va lui confĂ©rer la capacitĂ© dâinitiative, ainsi que le pouvoir dâanticipation.
Toutes ces aptitudes ne sâacquiĂšrent quâau travers dâune formation sĂ©rieuse, intensive, Ă©tendue et surtout permanente. DâoĂč lâintĂ©rĂȘt, et mĂȘme lâimpĂ©rieux devoir pour celui qui exerce lâautoritĂ©, dâinstruire son subordonnĂ©. Sinon, par quel moyen autre que lâinstruction peut-on espĂ©rer une collaboration efficace ? Quel autre moyen serait susceptible de susciter lâesprit de cohĂ©sion si nĂ©cessaire Ă toute action dâensemble ? Seule lâinstruction permet dâinculquer les valeurs morales, citoyennes et humaines aux troupes.
Qui plus est, une instruction respectueuse des canons de la pĂ©dagogie, de par la prĂ©sence physique du chef quâelle implique dâune part, et les Ă©changes quâelle autorise dâautre part, contribue substantiellement Ă Ă©liminer cette espĂšce de distanciation suspicieuse qui tend Ă sâĂ©tablir de maniĂšre insidieuse entre les catĂ©gories de personnels, en plus dâexclure les distorsions dans la transmission et lâexĂ©cution des ordres. Un grand chef militaire disait Ă ce propos, je cite : « La meilleure façon de commander est de se placer non pas au-dessus de ses hommes, mais au milieu dâeux ». Fin de citation.
DĂšs lors quâils sont bien outillĂ©s et libĂ©rĂ©s des considĂ©rations corporatistes, chefs et subordonnĂ©s peuvent entiĂšrement se consacrer Ă la rĂ©ussite de leur mission commune, animĂ©s du mĂȘme esprit dâabnĂ©gation et de fraternitĂ©. Cet esprit sera le facteur dĂ©terminant de la rĂ©ussite, en ce quâil favorise lâexercice dâune autoritĂ© non pas de coercition, mais une autoritĂ© qui emporte lâadhĂ©sion, lâobĂ©issance devenant spontanĂ©e, car dĂ©sirĂ©e.
La troupe Ă©tant Ă lâimage de son chef, lâon en dĂ©duit que le chef qui rĂ©ussit, est celui-lĂ qui instruit dâabord, ordonne ensuite, et enfin contrĂŽle. /-